Les bienfaits, pour les salariés, de la promotion de la santé au travail fait désormais l’objet de nombreuses études qui mettent en avant le rôle essentiel joué par la RSE. Or les politiques les plus efficaces sont celles qui visent à améliorer, de manière globale, l’hygiène de vie des individus. En effet, lorsque la prévention du tabagisme, la sensibilisation à l’importance d’une alimentation équilibrée, l’amélioration des postures du corps prendant le travail et l’offre d’une activité physique ou sportive adaptée à tous vont ensemble, l’amélioration de la santé et du bien-être est davantage efficiente et mesurable.
Par ailleurs, plusieurs enquêtes, notamment européennes, ont montré que le manque de temps était le principal frein à la pratique sportive régulière chez les adultes, dans notre pays. La possibilité de faire du sport sur le lieu de travail ou pendant les horaires de travail permet donc de pallier en partie à ce problème.
Le droit du travail, en France, oblige les entreprises à mettre en place des actions de prévention, d’information et de formation aux risques professionnels via des « moyens adaptés ». Certaines lois sociales ont modifié le code du travail en spécifiant que « tout salarié peut, dans le cadre des possibilités de l’entreprise, bénédicier pour la pratique contrôlée et régulière du’un sport, d’aménagements de son horaire de travail ». Mais cela s’adresse surtout aux sportifs de haut niveau, contraints de s’entraîner régulièrement.
Afin que les dispositifs de promotion de l’activité physique ou sportive sur le lieu professionnel ne soient pas seulement captés par ceux et celles qui dont déjà sportifs mais qu’ils s’adtressent aussi aux individus sédentaires, y compris ceux souffrant de problème de santé ou en situation de handicap, un accompagnemet ciblé est nécéssaire. Ainsi, ouvrir une salle de sport ou laisser la possibilité de faire une heure de sport hebdomadaire aux salariés ne suffit pas et n’a donc pas les effets escomptés. C’est alors que le cadre offert par la RSE prend toute son importance.
Envisager aujourd’hui le sport et l’activité physique comme des leviers de RSE constitue en soi une innovation, adoptée par de nombreuses grandes entreprises, au premier rang desquelles celles dont la raison sociale est liée à l’économie du sport (organisation d’événements, marque de sport) ou qui ont développé le sponsoring, le mécénat ou le parrainage sportifs. Le rôle d’umpulsion de la Commission et du Parlement européens, depuis les années 2000, a été majeur mais la possibilité de pratiquer une activité physique ou sportive sur le lieu professionnel relève avant tout de la soft law.
Pour que les bonnes pratiques se diffusent dans un nombre plus important d’organisations, il est important que la vie privée des salariés soit respectée et qu’ils demeurent libres d’adhérer ou non aux programmes mis en place. Il faut en effet à tout prix éviter le risque de contrôle social ou de paternalisme, hérités du sport corporatif du XIXe siècle. Il ne faut pas tomber non plus de ce que certains ont appelé la « tyrannie du bien-être », produit d’une volonté de maîtrise absolue de soi typique des sociétés libérales actuelles et qui creuse encore un peu plus les inégalités socio-économiques en matière de pratique sportive.
L’essentiel est donc que les salariés aient été bien informés et sensibilisés aux enjeux d’une activité physique ou sportive régulière à des fins de santé, mais aussi que l’offre proposée par l’employeur réponde à leurs besoins. Dispensée par les fédérations, des assocaitions ou des prestataires marchands, elle doit pouvoir proposer des « mises » ou des « remises en mouvement » susceptibles de convenir au plus grand nombre et adaptées aux différents métiers. Lutte contre le stress, traitement ou évitement des troubles musculo-squelettiques, prévention des maladies cardio-vasculaires ou métaboliques, etc. sont autant de moyens d’appréhender la rupture avec des habitudes sédentaires, à tous les âges d’une carrière qui ne cesse du reste de s’allonger.
Le Sport au travail participe à la pleine inscription de l’entreprise du XXIe siècle dans son environnement social et sociétal
Une autre condition est nécessaire, celle d’une gouvernance élargie. La RSE permet de fédérer le management de l’entreprise, le secteur de la santé (médecine du travail, médecine de ville, mutuelles), les fédérations et associations sportives, les TPE ou travailleurs indépendants prestataires (coaches, animateurs sportifs), et les organisations syndicales. Cest ainsi qu’en quelques années, le sport fédéral s’est efforcé d’adapter son offre de pratique sportive en entreprise à tous les publics de salariés. Le choix, la fréquence, la palette et l’intensité des activités proposées sont plus vastes. De plus en plus de prestataires privés proposent aussi aux entreprises l’organisation d’événements ponctuels ou la présence de coaches qui, malgré un réseau moins développé que celui des fédérations, mettent à dispostiion une palette vaste de pratiques et de disciplines dans l’air du temps (gymnastique suédoise, gymnastique pilates, yoga etc.) et ciblées en fonction des publics. La souplesse, la polyvalence et les coûts réduits de ce type de prestaitaires séduisent des grandes entreprises qui souhaitent une offre complémentaire au sport corporatif, et les PME et TPE où ce dernier n’existe pas.
Au final, le sport et l’activité physique au travail dans les politiques de RSE trouvent leur place dans une vision innovante du management qui prend acte des transformations globales du travail. Les entreprises favorisant de bonnes conditions de travail, garantissant santé et bien-être des salariés seront de plus en plus attractives et concurrentielles. Il est vrai que les valeurs du sport sont souvent invoquées de manière abstraite par le mamangement ou la communication, sans que leur intégration dans les politiques manageriales ne soit réellement pensée.
Dans une approche prospective, le sport au travail est porteur d’innovations dans une société interdépendante, dont les logiques de fonctionnement sont de plus en plus transersales et participatives, et ce, au sein de territoires soumis à une concurrence sans cesse renouvelée pour attirer habitants et investisseurs. Il participe alors de la pleine inscription de l’entreprise du XXIe siècle dans son environnement social et sociétal. C’est un levier d’attractivité territoriale qui prend tout son sens dans le processus à venir de métropolisation.
Article rédigé par Marie-Cécile Naves, Vice-présidente du Think tank Sport et Citoyenneté disponible sur ce lien