Le dispositif « Sentez-vous sport », organisé par le CNOSF, le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports et le Medef, consacre la journée du 18 septembre à la pratique sportive au travail.
Lorsqu’on parle de sport au travail, on pense souvent aux séminaires de sports extrêmes (saut à l’élastique, rafting, etc.), destinés aux cadres et visant à souder les équipes. Cependant, quand il s’agit d’améliorer la santé et le bien-être, l’enjeu n’est plus le même. D’une part, on s’adresse alors à tous les salariés, quels que soient leur statut dans l’entreprise, leur sexe, leur âge et leur condition physique ; d’autre part, on fait du lieu de travail ou du temps passé au travail l’occasion de pratiquer une activité physique ou sportive régulière, modérée et adaptée.
Par ailleurs, les Français seraient 43% à faire du sport au moins une fois par semaine, contre 48% en 2009. Ce pourcentage, en diminution, reste au-dessus de la moyenne européenne : 41%, inchangée en 5 ans, mais l’Allemagne, le Royaume-Uni et les pays du Nord font tous mieux que nous (jusqu’à 70% pour les Suédois).
En sus des dispositifs d’incitation à l’activité physique que les pouvoirs publics ont déjà mis en place et auxquels il ne s’agit pas de mettre un terme, l’un des leviers pour lutter contre la sédentarité consiste à accompagner les employeurs publics et privés dans la mise en place de mesures facilitant la pratique sportive de tous leurs salariés. Cela permettrait de régler en partie le problème du manque de temps, tout en permettant à chacun de trouver une pratique qui lui convienne.
Les employeurs comme les salariés ont tout à y gagner : des études de plus en plus nombreuses montrent que le sport au travail fait sensiblement baisser l’absentéisme pour maladies professionnelles (TMS, dépression, stress, fatigue chronique, voire cancers), qu’il participe de leur prévention et qu’il améliore le bien-être et la motivation. Cibler les seniors comme en Finlande, mais aussi les travailleurs manuels, les femmes et les salariés en CDD ou en intérim est primordial. Nul besoin d’équiper toutes les organisations de salles de sport : laisser une heure hebdomadaire de temps libre pour un jogging ou une séance en salle, allonger la pause-déjeuner, installer une douche, faire venir un coach, diversifier le sport corporatif pour qu’il propose systématiquement une offre « loisirs » et pas seulement « compétition », établir un partenariat avec des clubs de fitness, intégrer le sport à la RSE, et même envisager du télétravail partiel sont des mesures simples qui s’avèrent être un investissement extrêmement rentable. Des bonnes pratiques existent, y compris dans des PME : il faut les faire connaître. L’innovation, c’est aussi cela : informer, changer les habitudes, faire évoluer les cadres de pensée.
Parmi les Français sportifs, 17% disent pratiquer un sport au travail. Ce chiffre a augmenté de 4 points en 5 ans mais reste très faible. La sensibilisation et l’accompagnement sont les maîtres-mots d’une amélioration de la lutte contre la sédentarité. L’opération « Sentez-vous sport » y contribuera sans nul doute. Du reste, la Commission européenne souhaite prendre exemple sur ce dispositif français pour organiser, en septembre 2015, la première « Semaine européenne du sport ». Elle vise à encourager la prise de conscience, dans chacun des Etats-membres, des bienfaits d’une activité physique ou sportive pour tous et encourage, pour cela, l’implication dans cet événement de tous les acteurs locaux et régionaux concernés.
Article paru sur le Huffington Post, par
Marie-Cécile Naves, sociologue, vice-Présidente du think tank « Sport et Citoyenneté », responsable du réseau européen « Sport et santé ».